Aujourd’hui, les principales nouvelles viennent de Russie.
Les forces russes refusent de se replier de leurs positions avancées, laissant des unités coupées des ravitaillements terrestres et dépendantes de largages improvisés de nourriture et de produits essentiels par drones. Cette crise croissante d’isolement risque de priver les combattants de calories et de moral, menaçant la doctrine elle-même.

La domination ukrainienne des drones a transformé les routes de ravitaillement russes en zones mortelles, où les drones FPV, les mines placées à distance et les munitions rôdeuses détruisent buggys, motos et même chariots robotisés avant qu’ils n’atteignent les positions avancées. Les mauvais choix tactiques aggravent la situation : les commandants poussent de petits groupes d’assaut profondément dans les zones contestées sans sécuriser de corridors stables, misant sur la vitesse plutôt que sur la durabilité. Les infiltrations précipitées, destinées à prendre des points forts ukrainiens ou à perturber les arrières, dépassent fréquemment leurs capacités logistiques, laissant des groupes bloqués alors que les contre-attaques referment les voies de fuite.

Le terrain difficile, les champs de mines et la boue saisonnière isolent davantage des unités qui refusent de reculer pour ne pas céder un terrain durement gagné. Les pénuries de munitions obligent les combattants à privilégier la charge de combat au détriment de la nourriture et de l’eau. Les tentatives de ravitaillement nocturne échouent sous la surveillance thermique ukrainienne et les mines invisibles dans l’obscurité, tandis que les missions en plein jour attirent l’artillerie et les drones. Il en résulte des centaines de micro-poches russes dispersées sur les fronts de Donetsk et de Zaporijjia, désormais entièrement dépendantes des largages aériens, les soldats rationnant des en-cas achetés personnellement jusqu’à l’arrivée du prochain drone, en espérant qu’il ne soit pas abattu par les Ukrainiens.

Les opérateurs russes de drones représentent désormais la bouée de sauvetage des troupes au sol, lançant nourriture, eau, batteries et médicaments depuis des Mavic, des drones FPV et parfois des octocoptères lourds afin d’éviter la famine ou la reddition. Un seul Mavic peut transporter à peine deux barres énergétiques et un litre d’eau, nécessitant plusieurs sorties par escouade et exposant les pilotes aux interceptions ukrainiennes. La précision du largage souffre du vent, des arbres ou des décombres urbains ; les colis éclatent à l’impact, tombent dans des champs de mines ou terminent accidentellement dans les mains ennemies. Les octocoptères plus lourds apparaissent rarement, limités par le bruit, le coût et le brouillage électronique, et sont généralement peu utilisés par les forces russes.

Les rations militaires standard se révèlent inutiles : une ration individuelle de 1,2 kilo brise les rotors, le ragoût en conserve ajoute un poids mort, et les soldats reçoivent plutôt des chocolats et des noix achetés par des bénévoles, qui provoquent un pic de sucre suivi d’un effondrement énergétique, comme s’en plaignent les soldats eux-mêmes. Il n’existe aucun mécanisme de largage universel, de sorte que les opérateurs attachent les colis avec de la ficelle ou du ruban adhésif, au risque de les perdre en vol. Le remplacement des batteries des drones entre en concurrence avec les charges alimentaires, créant un cercle vicieux d’épuisement.

Pour résoudre ces problèmes, les unités russes réutilisent des drones FPV de sapeurs déjà employés pour le minage, avec de simples crochets de largage permettant de transporter 1 à 2 kilos de noix, de barres énergétiques et de sachets d’eau. Les ateliers de première ligne standardisent les mécanismes de largage grâce à des pinces imprimées en 3D et des attaches sécables.


Des bénévoles financent des repas lyophilisés ultralégers pour essais dans les secteurs de Koursk et de Donetsk. Certaines brigades expérimentent des quadricoptères équipés de filets de transport, tandis que d’autres entraînent des largages nocturnes avec des octocoptères lourds dans l’espoir de les déployer plus largement.


Les analystes militaires russes préconisent l’acquisition centralisée de rations aériennes compactes et de modules de chargement modulaires pour contrer la supériorité ukrainienne en matière de drones. Les bricoleurs russes se concentrent obsessionnellement sur les grammes et les gadgets — pinces 3D, sachets lyophilisés, drones "Baba Yaga" — tandis que le front se fragmente en centaines de micro-garnisons isolées, chacune exigeant ses propres airdrops quotidiens.


Ces solutions improvisées ignorent la réalité exponentielle : une seule escouade coupée du ravitaillement nécessite 6 à 8 kilos de nourriture et d’eau par jour. Cinquante pelotons d’une même brigade représentent environ 350 kilos, soit 700 sorties de Mavic, brûlant environ 1 400 batteries et détournant des centaines de pilotes des opérations de combat.


Aucun commandement ne suit la demande totale, l’usure des batteries ou les pertes de drones, si bien que les unités se disputent les mêmes colis bénévoles. À l’inverse, la 82e brigade d’assaut aérien ukrainienne utilise des quadricoptères logistiques dédiés, dotés de modules standardisés de 5 kilos, de parachutes guidés par GPS et de dépôts de rations prépositionnés au niveau du bataillon. Au final, c’est le refus de Moscou de se retirer qui crée la crise ; son incapacité à centraliser la logistique aérienne transforme la survie des troupes en loterie.

Dans l’ensemble, le refus de retraite de la Russie transforme l’obstination tactique en crise logistique stratégique, où les largages de drones deviennent la seule artère maintenant des fronts fracturés. Sans systèmes standardisés de largage FPV et rations lyophilisées adaptées à l’acheminement aérien, les unités isolées font face à l’épuisement, à la diminution de leur capacité de combat et à un risque d’effondrement sous la pression ukrainienne soutenue. Une logistique centralisée, inspirée des modèles ukrainiens d’“aéro-ponts modulaires”, est indispensable pour empêcher l’extension des poches encerclées et préserver la doctrine du non-retrait. L’échec à mettre à l’échelle ces solutions risque de transformer chaque mètre de terrain conquis en piège d’épuisement et de famine.


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