Aujourd’hui, les nouvelles les plus intéressantes viennent d’Ukraine.
L’automne et l’hiver s’accompagnent toujours des problèmes habituels dans la guerre moderne, notamment pour les opérations mécanisées. Cependant, les changements majeurs dans la manière dont cette guerre s’est déroulée au cours de l’année passée auront un impact très différent et sans précédent sur les opérations militaires.

Les conditions météorologiques apportent un ensemble de défis dans la guerre moderne, comme on peut le voir en Ukraine depuis le début du conflit. Les pluies d’automne saturent le sol, créant l’infâme rasputitsa ou bezdorizhia, une boue qui enlise les chars, les véhicules blindés et même les camions de transport classiques.


En hiver, la boue finit par geler, mais cela entraîne ses propres problèmes : la glace rend les déplacements périlleux, les soldats risquent des engelures s’ils ne sont pas correctement équipés, tandis que le froid extrême affecte les moteurs, les batteries, les armes et les lubrifiants. Traditionnellement, ces conditions compliquent les opérations offensives et augmentent l’attrition due aux expositions et aux pannes de matériel.


Cependant, la guerre en Ukraine a évolué d’une manière qui fait que ces conditions météorologiques à venir interagissent très différemment par rapport au passé, en raison des nouvelles technologies et tactiques apparues et largement déployées cette année. Les deux camps dépendent désormais fortement des drones, allant des petits quadricoptères pour la reconnaissance et le guidage d’artillerie aux munitions aériennes persistantes pour les frappes de précision.


Comme les drones rendent les grandes attaques mécanisées presque impossibles, les tactiques de petites unités sont devenues plus importantes, comme le montre la tendance des forces russes à tenter souvent des infiltrations à travers les zones boisées et, lorsque possible, à exploiter la faible visibilité causée par les intempéries. Dans le même temps, les Ukrainiens déploient également des patrouilles de taille unité pour éliminer ces attaques à petite échelle et mènent des missions de chasse aux drones afin de neutraliser la surveillance aérienne russe.

De plus, la logistique est devenue plus décentralisée, avec des convois plus petits et des nœuds d’approvisionnement dispersés pour réduire la vulnérabilité, et des routes protégées par des filets anti-drones.

À mesure que le nombre de drones a augmenté de manière spectaculaire, les chars et camions ralentis ne sont plus la principale préoccupation liée aux conditions météorologiques. Jamais une guerre n’a autant dépendu des drones, et jamais le temps n’a posé une menace aussi directe à leur fiabilité et aux tactiques qui définissent cette phase du conflit. L’efficacité des drones diminuera sous la pluie, la neige et les températures glaciales, réduisant la conscience du champ de bataille et la précision de l’artillerie. Bien que les drones continueront d’être utilisés, les deux camps seront contraints de compter davantage sur les éclaireurs d’infanterie lorsque la reconnaissance par drone sera entravée par le mauvais temps. Dans le même temps, les systèmes de guerre électronique subiront des contraintes accrues liées à l’entretien par grand froid.

La logistique souffrira également, car les routes glacées peuvent paralyser les convois, tandis que les structures de protection, comme les tunnels anti-drones, risquent de s’effondrer sous le poids de la glace et d’entraver les déplacements qu’elles étaient censées protéger. L’attrition augmentera dans les tranchées, tandis que le moral sera mis à l’épreuve encore plus que les années précédentes, la présence des drones rendant la rotation des troupes très risquée.

Pour la Russie, le changement le plus important sera la perte de dissimulation lors de ses tentatives d’avancée. En automne, les mouvements restent prévisibles tant que la boue est présente, car elle est plus stable sur les collines et les lignes d’arbres. Cependant, avec la disparition du feuillage, l’infiltration furtive à travers les lignes d’arbres devient presque impossible, exposant les tactiques de petites unités à l’observation directe ukrainienne, aux drones et à l’artillerie. En hiver, bien que le terrain soit plus praticable, la couverture neigeuse rend les déplacements des troupes visibles, laissant des traces qui trahissent leurs positions.

On s’attend à ce que les forces russes poursuivent les opérations offensives, mais le personnel mal formé et le taux élevé de désertions auront du mal dans des conditions glaciales. Les chaînes logistiques transportant munitions et carburant sur de longues distances seront ralenties par la boue et la glace. La combinaison de la réduction de la dissimulation et des contraintes logistiques forcera la Russie à s’adapter, affaiblissant probablement les tactiques d’infiltration et augmentant la dépendance aux assauts frontaux, ce qui accroîtra encore leurs pertes déjà sévères.

Pour l’Ukraine, le plus grand défi sera l’impact des conditions météorologiques sur les opérations de drones. Le manque de personnel oblige l’Ukraine à tenir souvent des lignes défensives avec des drones assurant la surveillance et les frappes de précision. Le mauvais temps réduit le temps de vol des drones, complique le ciblage et compromet cet avantage technologique. La force et la dépendance de l’Ukraine à la guerre de précision peuvent être limitées, nécessitant un accent plus important sur l’endurance de l’infanterie et de l’artillerie, ainsi que sur les défenses statiques.

Dans l’ensemble, cet automne ne répétera pas simplement les problèmes des années précédentes liés au froid, à la boue et à la guerre mécanisée. Le champ de bataille sera remodelé de manière unique, car les deux camps dépendent désormais des drones, des capteurs et des tactiques de petites unités, directement affectés par le temps. La guerre ne s’arrêtera pas pour l’hiver, mais cette saison marquera un changement complet par rapport aux hivers précédents, exigeant des adaptations cruciales de la part des deux armées.


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