Aujourd’hui, la principale nouvelle vient de la mer Noire.
Ici, les drones navals ukrainiens ont forcé les pétroliers de la flotte fantôme russe à se disperser, à s’arrêter ou à se dérouter, laissant les principaux ports russes sans un seul pétrolier pour exporter leur pétrole. Pour la première fois, la faille maritime de la Russie face aux sanctions est frappée plus vite qu’elle ne peut s’en remettre, et la fenêtre d’opérations de la flotte fantôme se rétrécit à une vitesse sans précédent.

Les récentes frappes de drones navals contre les pétroliers Kairos et Virat ont donné le ton, car les deux navires étaient vides et se dirigeaient vers le grand port de Novorossiïsk pour se réapprovisionner lorsque des drones Sea Baby ont frappé leurs salles des machines, forçant l’évacuation et laissant les navires en flammes.

Les données de suivi ont ensuite montré des pétroliers en attente au large de Novorossiïsk, maintenant leur position plutôt que d’entrer au port, et des économistes russes ont averti que le véritable danger vient désormais des assureurs. Si les assureurs refusent de couvrir les risques et que les propriétaires de navires refusent de louer leurs bâtiments dans une zone de guerre, la Russie pourrait perdre l’accès à une grande partie des cinq cents pétroliers utilisés pour transporter son pétrole sous sanctions. Environ la moitié de la flotte fantôme est constituée de navires appartenant à des propriétaires étrangers et loués par la Russie, ce qui signifie que ces navires pourraient disparaître de sa chaîne logistique si leurs propriétaires se retirent, une perspective que les économistes russes décrivent désormais comme le scénario le plus grave de la campagne maritime ukrainienne.

Désormais, le schéma semble s’étendre au-delà de la mer Noire, puisque, au large du Sénégal, le pétrolier Mersin est en train de couler après une explosion provoquée par une déflagration interne. Le navire se rendait fréquemment à Novorossiïsk et à Taman, ce qui en faisait une cible du suivi ukrainien des opérations maritimes liées à la Russie. L’incident du Mersin s’ajoute aux attaques précédentes contre le pétrolier Sig près de la Crimée, à plusieurs frappes contre des navires transportant du brut vers l’Asie et à de multiples quasi-incidents le long du corridor du Bosphore. Chaque cas est différent, mais l’ensemble indique une stratégie qui suit les routes pétrolières russes plutôt que de rester confinée au théâtre régional. Cette possibilité est désormais discutée ouvertement sur les canaux russes, qui avertissent que tout navire lié à des exportations sous sanctions peut être menacé, quel que soit l’endroit où il navigue.

Pendant ce temps, l’Europe avance pour fermer la mer Baltique au trafic de la flotte fantôme, après que Moscou a rejeté des éléments clés de la dernière proposition américaine et que Washington a signalé des sanctions plus sévères élargissant la responsabilité des entreprises facilitant le transport du pétrole russe. Bruxelles agit également : l’UE prépare une base juridique pour intercepter tous les pétroliers apatrides ou non immatriculés au titre de l’article 110 de la Convention de l’ONU, rompant avec l’approche précédente qui limitait les interceptions aux violations claires de l’embargo. Au moins seize navires entrent immédiatement dans ces nouveaux critères, et d’autres pétroliers pourraient être inscrits sur liste noire dans le prochain paquet de sanctions. Cela modifie l’environnement opérationnel en mer Baltique, car les garde-côtes européens obtiendraient l’autorité de stopper, inspecter et détenir tous les pétroliers liés à la Russie dans les eaux internationales, reproduisant la pression que l’Ukraine a créée en mer Noire.

Les gouvernements européens se concentrent également sur une menace sécuritaire qui dépasse la question pétrolière, car, sur le front, les drones FPV parcourent régulièrement quarante kilomètres, et l’Iran a démontré que des drones de type Shahed peuvent être lancés depuis des conteneurs montés sur des navires civils. Les évaluations des services de renseignement avertissent que la Russie pourrait tenter une plateforme de lancement similaire en mer, utilisant la flotte fantôme comme menace clandestine contre les ports européens, les infrastructures énergétiques ou les aéroports.

Les navires de la flotte fantôme opèrent déjà avec un contrôle minimal, souvent avec une propriété opaque et une identification incohérente. Cela laisse de la marge pour des activités maritimes en cas de crise, et les États européens cherchent à la réduire tôt. Le durcissement des règles en Baltique est donc motivé à la fois par l’application des sanctions et par la volonté d’éliminer une éventuelle menace de drones maritimes, les récentes frappes ukrainiennes ajoutant un sentiment d’urgence.

Dans l’ensemble, la pression exercée sur la flotte fantôme russe marque un tournant dans la phase maritime de la guerre. L’Ukraine a transformé la mer Noire en zone à haut risque pour l’exportation pétrolière russe, laissant des pétroliers bloqués au large et des assureurs réticents à assumer le danger. Les incidents près du Sénégal suggèrent que la menace suit désormais les routes pétrolières mondiales de la Russie plutôt que de rester régionale, tandis que l’Europe construit un cadre juridique et sécuritaire pour restreindre les mouvements de la flotte fantôme en Baltique. La Russie a construit ce réseau pour contourner les sanctions et maintenir la circulation de ses revenus pétroliers, mais avec des navires en flammes, des assureurs qui se retirent et des mesures d’application qui se resserrent de plusieurs directions à la fois, le système qui protégeait autrefois les exportations de Moscou commence à s’effondrer sous une pression prolongée.


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