Aujourd’hui, nous allons examiner le plan de paix américain pour l’Ukraine, négocié en contournant l’Europe, et le comparer à la proposition européenne correspondante, élaborée en coopération plus étroite avec l’Ukraine. Nous analyserons les principales différences et verrons comment les actions de Donald Trump pourraient modifier l’équilibre établi après la Seconde Guerre mondiale, en accordant plus de poids aux intérêts russes qu’à ceux de l’Ukraine.

Alors que la guerre en Ukraine entre dans sa quatrième année, les États-Unis et l’Europe ont proposé des plans de paix différents, reflétant des priorités et des visions stratégiques opposées. L’initiative américaine, dirigée par le président Donald Trump et son émissaire Steve Witkoff, a largement ignoré les alliés européens ainsi que l’Ukraine, en menant des négociations directes avec la Russie. À l’inverse, les dirigeants européens ont élaboré une contre-proposition qui met l’accent sur la souveraineté ukrainienne et la sécurité collective de l’Europe, qui partage une longue frontière avec la Russie.

Le plan de paix américain prévoit un cessez-le-feu immédiat et des négociations directes entre la Russie et l’Ukraine, cette dernière renonçant à son adhésion à l’OTAN tout en conservant la possibilité de rejoindre l’Union européenne. Selon ce plan, les États-Unis ne fourniraient pas de garanties de sécurité directes, mais s’appuieraient sur une coalition d’États volontaires pour les assurer.

L’Ukraine récupérerait une bande de terre au nord de Kharkiv, actuellement contrôlée par les Russes et en grande partie réduite en ruines par l’artillerie et l’aviation russes. En ce qui concerne la centrale nucléaire de Zaporijjia, la Russie en transférerait le contrôle aux États-Unis, qui faciliteraient son fonctionnement et répartiraient l’électricité produite entre l’Ukraine et la Russie.

En contrepartie, les États-Unis reconnaîtraient le contrôle russe sur la Crimée ainsi que sur les parties actuellement occupées des oblasts de Louhansk, Donetsk, Zaporijjia et Kherson, bien que la Russie continue d’exiger le retrait total de l’armée ukrainienne de ces régions. Le plan prévoit également la levée des sanctions imposées à la Russie depuis 2014 et la reprise de la coopération économique entre les États-Unis et la Russie dans les secteurs de l’énergie et de l’industrie.

Il est important de souligner que ce plan a marginalisé tant l’Ukraine que les alliés européens dans le processus de négociation, bien qu’il repose fortement sur eux pour faire appliquer et garantir ses termes. En résumé, la proposition américaine favorise largement les intérêts russes, récompensant de fait l’agression en poussant l’Ukraine à céder 99,83 % des territoires occupés.


Cette approche suscite des inquiétudes non seulement quant à la viabilité et à l’équité du règlement proposé, mais aussi quant à sa durabilité à long terme. Un tel accord de paix renverserait le statu quo international établi après la Seconde Guerre mondiale, conduisant à une réalité dans laquelle les pays les plus puissants pourraient redéfinir les frontières et décider du sort des nations plus petites uniquement sur la base de leur puissance militaire.

En réponse, les responsables ukrainiens et européens ont présenté une contre-proposition, appelant à un cessez-le-feu total et inconditionnel, surveillé par les États-Unis et des tiers, à des garanties de sécurité solides pour l’Ukraine — sans adhésion à l’OTAN — via une aide militaire continue renforcée, entre autres, et au retour de tous les enfants ukrainiens déportés ainsi que des civils détenus.

La proposition rejette toute restriction sur les capacités militaires de l’Ukraine et insiste sur l’absence de limitation concernant le déploiement de forces étrangères amies, la reconstruction complète du pays, des compensations financières à l’aide des avoirs russes gelés, ainsi que la mise en œuvre d’un accord de coopération économique et d’extraction de minerais entre l’Ukraine et les États-Unis. Les négociations territoriales ne commenceraient qu’après la mise en œuvre du cessez-le-feu, en utilisant la ligne de front actuelle comme point de départ. La proposition indique que les sanctions contre la Russie pourraient être progressivement allégées si une paix durable est atteinte. Toutefois, elles seraient rétablies et renforcées en cas de violation. Le plan plaide également pour le contrôle par l’Ukraine d’infrastructures clés comme la centrale nucléaire de Zaporijjia, et pour un accès sans entrave aux voies navigables cruciales telles que le Dniepr et les routes commerciales de la mer Noire.

L’approche européenne met l’accent sur un cadre collaboratif incluant l’Ukraine comme partenaire à part entière, conformément aux principes de sécurité partagée et de respect mutuel. Elle vise à fournir à l’Ukraine des garanties de sécurité solides et souligne la nécessité d’une paix équitable et durable, reflétant un engagement en faveur du respect des normes internationales. Bien que ce plan dépende aussi des États-Unis pour sa mise en œuvre, il leur offre des incitations économiques à le maintenir, notamment à travers l’accord sur les minerais rares.

Dans l’ensemble, l’écart entre les plans de paix américain et européen met en évidence une différence fondamentale d’approche. La proposition américaine semble privilégier le pragmatisme et une résolution rapide, potentiellement au détriment de la souveraineté ukrainienne et de la durabilité à long terme. En revanche, le plan européen cherche une résolution équilibrée qui protège l’intégrité territoriale de l’Ukraine et s’aligne sur les intérêts de sécurité plus larges en vue d’une paix durable.

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